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Volontaires à Constantine
7 avril 2013

Le malouf dans la peau

Pour vous, nos lecteurs, en avant première de the must-be read canard local, "l'Echos du diocèse", un article écrit sur une composante essentielle de la culsture Constantinoise.

A lire sur fond de musique Malouf pour se mettre dans l'ambiance

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Pendant les 4 premier mois que nous avons passé à Constantine, nous avons assisté à 3 concerts de Malouf… Qui oserait dire après ça, qu’il n’y a pas de vie culturelle en dehors de l’Institut Français ? Certes, nous avions un bon informateur, en la personne de Roland (sj), skikdo-constantinois depuis un an, lui-même en cheville avec un groupe de musiciens amateurs passionnés. Après avoir découvert cette musique traditionnelle constantinoise sous les ors du théâtre de Constantine lors de la semaine du Malouf, nous avons pu goûter à un récital plus intimiste organisé en novembre à Dilou (la bibliothèque de langues et religions comparées crée par les jésuites, au rez de chaussée de l’évèché).

Une vingtaine de spectateurs, habitués de la maison ou amis des musiciens, ont pu contempler ce groupe dont le plaisir à jouer ensemble se voit dans leur complicité et l’harmonie qui se dégage de leurs voix, de leurs flutes et derbouka. Il faut dire qu’ils s’entraînent tous les soirs chez les uns ou les autres ! Ce concert était donc un privilège, qui sera redonné un mois plus tard à l’illustre café Nedjma. « Si le rêve ne s’est pas encore réalisé d’apprendre l’arabe en chantant, c’est déjà du bon goût pour l’oreille d’écouter des amoureux de la musique malouf le chanter ! » nous dit Roland, coorganisateur de l’évènement. Un des anciens nous explique que cette musique s’inscrit dans le courant romantique, que Saint-Saëns est tombé sous son charme au cours de ses ballades dans la ville et s’en est inspiré dans sa musique. En effet, il y a encore quelques années, tout le monde chantait ces refrains, et on l’entendait souvent en passant près des maisons. Mais ce répertoire de tradition orale s’est perdu, et il ne reste plus que quelques dizaines d’airs, alors qu’il y avait à l’origine 24 nouba (une pour chaque heure). Nouba veut dire « attendre son tour », car chaque musicien attendait son tour pour chanter devant le calife.

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Hamza, jeune amateur de malouf qui a fait venir ce groupe à Dilou, nous explique comment cet amour est né: « Le Malouf est une tradition musicale arabo-andalouse. Ce mot signifie ‘fidele à la tradition’. Cette musique s’est enrichie en Andalousie dans les cours royales, les rencontres intellectuelles et culturelles. Elle s’est ensuite ouverte une nouvelle brêche en Afrique du Nord en gardant toujours son empreinte originale.

Cette musique m’a toujours inspiré depuis mon jeune âge, car j’ai grandi dans un quartier où il y avait plusieurs maitres, fans et musiciens, parmi eux l’artiste chanteur Issam Karcha et son fabuleux groupe. Ils m’ont donné la chance de les fréquenter. Ils m’ont même aidé à développer mon goût artistique, durant toutes ces années au café Nedjma « Goufla » qui est le lieu de rencontres de plusieurs stars du Malouf.

Alors maintenant, fermez les yeux, laissez votre cœur vibrer a chacune des mesures du luth et accorder son rythme à la « derbouka » et sentez cette extase libérer l’âme hors de la pression du corps…"

Pour Roland, écouter cette musique, comme apprendre la langue, est un moyen privilégié d’entrer dans cette culture, « de mieux familiariser nos oreilles de nouveaux arrivants en Algérie à la langue parlée et chantée. Dans cette ambiance conviviale des concerts, j’apprécie les échos de ce chant dans le cœur et dans le groupe  qui s'y associe, en goûtant la langue à l'oreille puisque c'est un chant d'amour ».  

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En effet, au café Nedjma, ce soir de décembre, on sentait que la tradition est bien vivante, et qu’il y avait dans les cœurs la chaleur qu’il n’y avait pas dehors. Entre deux verres de thé, la musique d’élève, le concert devient participatif : le public chante aussi, les anciens traduisent et expliquent aux béotiens que nous sommes certaines paroles. En effet, nous avions bien cru comprendre qu’il était question de Jacob, Job, mais il nous manquait quelques éléments : il ne s’agissait pas d’un chant religieux : le poète appelle tous les prophètes au secours pour que sa bien-aimée lui soit ramenée !

Les artistes nous ont traduit un passage de cette langue particulière :

Ne dissimule pas les tourments que l’amour t’a infligés

Et clame ton amour, nous sommes tous amoureux

L’amour aurait pu passer inaperçu si tes larmes et les battements de ton cœur ne t’avaient trahi

L’aide pourrait venir de celui à qui tu te confies : en un mot les amoureux sont solidaires

Patiente en l’absence de l’aimée, car il pourrait qu’elle revienne bientôt

L’amour est généreux

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