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Volontaires à Constantine
5 octobre 2012

Cours d'arabes

A peine arrivés en Algérie, nous plongions dans les cours d'arabe. La tête encore dans les nuages, le corps fatigués par une semaine de course pour déménager, résilier les derniers contrats et dire au revoir, nous prenions le chemin du centre d'études diocésain, dit Les Glycines, pour apprendre une nouvelle langue.

Coincé entre un prêtre français parlant le palestinien et une jeune chercheuse anglaise logeant dans sa belle famille algérienne, nous déplions nos trois feuilles blanches récupérées à la va vite, pour essayer de noter quelques mots. 

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Notre professeur, une femme de langue kabyle enseignant l'arabe dialectal en français, a l’énergie nécessaire pour coacher notre classe quatre heures à grand renfort de gestes et de mimiques en tout genre. Il faut qu'un participant aille chercher la cloche du réfectoire d'à côté pour qu'elle s'aperçoive que le temps imparti est écoulé et que nous ne rêvons plus que d'arrêter, l'estomac criant famine et la tête prête à exploser.

Depuis presque trois semaines, elle a su nous imprégner de sa langue d'adoption, nous remerciant d'assister à ses cours et nous remotivant quand le moral est en berne. Il faut dire que le niveau de la classe est très varié. Entre Madeleine, dont les derniers cours de langue remontent à une cinquantaine d'années et Aldo, maitrisant déjà l'arabe littéraire et le dialecte tunisien, il y a toute une déclinaison de niveaux, de profils, d'âges et de nationalités : une petite moitié de religieux, deux couples de volontaires, des femmes d'expats ou d'algériens, quelques professionnels et une étudiante subsaharienne.

Certains connaissent l'Algérie depuis des années, d'autres, comme nous, débarquent. Les cours sont donnés en français, mais nos camarades de classe sont italiens, portugais, anglais, polonais, allemand, ougandais et maliens.

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L'arabe enseigné, ou plus précisément le dialectal algérien d’Alger, est un mélange d'arabe, de kabyle, de touareg, de turc et de français. Basée sur l'arabe classique, il est aussi le réceptacle de tous les peuples qui se sont battus, côtoyés et mélangés ici.

L'apprentissage de la langue est pour nous une première rencontre avec la culture. Premier pont également avec la France. Outre les kleb, toubib, chouya, fluz et autres souks que nous retrouvons avec plaisir, nous apprenons que « mon frère » est ici une marque de respect ou que le tutoiement est la norme puisqu'il n'existe pas de vouvoiement.

Nous découvrons qu'il n'existe pas de forme interrogative. Les questions se devinent donc au ton employé, au geste significatif de la main et/ou au « oui ou non » judicieusement placés en fin de phrase. Autant d'expressions que nous connaissions chez les français d'origine algérienne, mais que nous ne comprenions pas toujours à leur juste valeur.

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La religion est partout présente. « Salam aleikum », qu'on pourrait traduire par « paix à vous » (le « vous » étant la forme du pluriel et non de la politesse) est une salutation qui s'adresse à tous : un groupe, un homme seul ou à une pièce vide... Même lorsqu'on salue une seule personne, la salutation est au pluriel, car elle s'adresse aussi aux deux anges qui l'accompagnent !

A n’importe quelle situation évoquée (bonne ou mauvaise), Dieu se mêle à la réponse : al hamdou li lLah (louange à Dieu),  Allah ibarek (que Dieu te bénisse), Allah isellmek (que Dieu te remplisse de paix), Allah yechfik (que Dieu te soigne), etc

La rue enfin nous montre que le futur se conjugue toujours à l'Inch Allah. Pour dire « à demain », on dit « redoua, Inch Allah » (demain, si Dieu le veut). Quand on raconte à notre prof qu'on entend partout « makech muskil » (il n'y a pas de problème), elle nous explique que ça ne veut pas forcément dire « il n'y a aucun problème », mais plutôt « si on regarde le bon côté des choses, il n'y a pas de problème ». C'est une façon de positiver mais cela laisse une certaine marge de manœuvre...

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Quant à nos progrès en dialectal, difficile de se rendre vraiment compte. Laure a du arrêter à la fin de la première semaine pour suivre 5 jours de cours de formatrice d'éducatrice de jeunes enfants : coeur de sa mission à Constantine. Elle reprend de son côté entre méthode assimil et cours particulier avec un jésuite. De mon côté, à force d'assiduité et d'ingurgitage de vocabulaire, les premières phrases commencent à sortir. Mais impossible de savoir vraiment où j'en suis. A Alger, tout le monde parle français, comment se lancer ? Nous nous raccrochons aux promesses de tous ceux qui nous expliquent qu'à Constantine, on parle beaucoup plus arabe ! Nous verrons bien Inch Allah.

    

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